Trains supprimés, retards, wagons bondés : la galère des usagers du ferroviaire en Dordogne

http://www.sudouest.fr/2015/02/03/le-desert-ferroviaire-1818433-1980.php

Les complications se multiplient pour les usagers du TER en ce début d’année 2015. Le point sur les lignes traversant le Périgord

De nombreux trains sont supprimés sur la ligne Sarlat-Bordeaux, ce qui impactera également beaucoup d’usagers de Bergerac. © Photo
Archives Emilie Drouinaud/« Sud Ouest »


Galère. Voici le mot qui pourrait résumer le début de l'année 2015 pour les usagers du train en Dordogne. Que ce soit sur la ligne qui relie Périgueux à Agen, Sarlat à Bordeaux via Bergerac, mais aussi Limoges à Périgueux, de nombreuses perturbations vont continuer d'enrayer la circulation des TER.
Sur les deux premières liaisons, la SNCF Aquitaine vient, en effet, d'annoncer qu'elle prolongeait son plan de transport allégé jusqu'au 1er mars, invoquant des « tensions sur le parc matériel ». Cette situation - qui n'est pas récente - est directement liée aux soucis intervenus dans le programme de livraison de nouvelles rames. « Leurs engins sont hors service et ils ne les réparent pas », s'emporte Jean-François Martinet, le président de l'association Périgord Rail Plus.

"Tout espoir a disparu"

Le train Bergerac-Bordeaux de 6h15 est ainsi supprimé. Il en va de même pour celui qui part de Bordeaux, le soir à 20h05, en direction de Bergerac. Même chose pour ceux qui relient Le Buisson-de-Cadouin à Périgueux à 7h20, 7h27 et le Agen-Périgueux de 7h27. En fin de journée, trois trains sont également supprimés et remplacés par des bus.
« Les arrivées sont trop tardives à Périgueux pour le travail et, le soir, il faut attendre 19h13, fustige Nathalie Fabre, une voyageuse sur la ligne Agen-Périgueux, dans un communiqué. Cette situation devait rentrer dans l'ordre le 24 janvier, mais tout espoir a disparu, les bus sont maintenus jusqu'au 1er mars. »

Usagers en grève

« Excédés », plusieurs usagers ont décidé de faire la grève de présentation du titre de transport au contrôleur. « Les abonnés se sentent incompris et pas entendus dans leurs revendications, lâche Nathalie Fabre. La SNCF, l'Aquitaine et Réseau ferré de France (RFF) voudraient supprimer des gares et des lignes ferroviaires qu'ils ne pourraient s'y prendre mieux. »

"Les abonnés se sentent incompris"

Quant à la liaison Périgueux-Limoges, elle devra subir des travaux de maintenance, du 9 au 27 février. Plusieurs trains seront remplacés par des bus. L'étude de modernisation de cette ligne serait toujours en cours. « La SNCF a annoncé que 2015 devrait être une année difficile pour les voyageurs, c'est peut-être la seule information fiable depuis la mise en place du cadencement, il y a quatre ans », ironise Jean-François Martinet. L'agacement des usagers semble avoir atteint son maximum.

Polémique

La ligne entre Périgueux et Bordeaux illustre aussi cette tension depuis plusieurs mois. Retards incessants, suppressions de trains inopinées, wagons bondés le vendredi et le dimanche soir, les habitués crient au scandale depuis près de deux ans. La signalétique et l'obsolescence des machines sont au cœur de cette polémique. « Les budgets du réseau sont mis sur la LGV, les petites lignes ne sont pas entretenues », peste un usager qui fréquente cette ligne régulièrement. « On ne voit pas le bout du tunnel, renchérit Jean-François Martinet. On ne sent aucune volonté de la part de la SNCF de prendre le problème à bras-le-corps ! »

"Les usagers se retrouvent à devoir prendre leurs voitures très régulièrement"

Une réunion tripartite avec les associations, la SNCF Aquitaine et la Région, qui s'est tenue lundi 26 janvier, n'aurait pas permis d'entrevoir « une amélioration ». Une « négociation » a toutefois été entamée autour d'un « geste commercial » qu'effectuerait la SNCF envers les voyageurs abonnés.
« L'indemnisation serait de 50 % sur l'abonnement. On apprécierait, mais ce n'est pas à la hauteur, observe le défenseur du rail. Cela ne compense pas les frais engagés. Car les usagers se retrouvent à devoir prendre leurs voitures très régulièrement. »
En attendant, le désert ferroviaire peut avoir tout loisir de s'étendre.