http://www.charentelibre.fr/2015/04/08/paris-angouleme-la-sncf-remet-le-corail-sur-les-rails,1949157.php
La SNCF a remis sur rails le train Corail entre Paris-Austerlitz et Bordeaux. 3h30 de voyage entre la capitale et Angoulême dans des wagons d’un autre temps. CL était dans le premier train samedi.
Il faut être matinal pour prendre l’Intercités à Paris. En revanche, depuis Angoulême, cette nouvelle ligne ne permet pas d’envisager un week-end à Paris à bas prix.. PHOTO/Photo R. T.
C’est un hymne au temps qui passe. Au temps passé, dépassé même. Des portes trop vieilles pour se refermer, des banquettes moelleuses aux couleurs délavées par plus de quarante années de service. C’est à ce prix-là que la SNCF a réussi à mettre sur rails des trains low-cost.
Depuis samedi dernier 4 avril, la liaison Paris-Austerlitz-Bordeaux est rouverte. Deux allers-retours par week-end pas vraiment pratiques pour les Charentais et une pause de cinq minutes à Angoulême.
«On n’avait pas vu que ce n’était pas un TGV», se marrent Amélie, Benoît et David. Les trois étudiants en communication partent passer Pâques dans le Bordelais. «Si on n’avait pas eu des tarifs aussi intéressants, on ne l’aurait pas fait.» 70 euros l’aller-retour.
«C’est au moins deux fois moins cher que le TGV», apprécient Laurence et Stéphane. Mère et fils partent à Bordeaux. «Mon deuxième fils y habite.» Céline aurait apprécié un expresso. Mais la voiture-bar fait défaut. Tant pis! Elle profite des arrêts aux Aubrais, Saint-Pierre-des-Corps ou Poitiers pour prendre l’air et fumer une cigarette. Sinon, elle dort pour rattraper un réveil trop matinal.
Le train partait à 6h58. «Quand j’ai vu que le trajet durerait 4h30, j’ai prévu un bouquin: “Juste avant le bonheur”, d’Agnès Ledig.» Elle a hésité à faire du covoiturage. «Mon frère me l’avait conseillé, mais le train reste moins long et plus sûr.» Et moins cher.
Blablacar
dans la ligne de mire
Blablacar, c’est la cible. Sean Clairin, le directeur de la ligne Intercités, ne le cache pas. Les prix sont alignés. «On a fait des tarifs simples avec des réservations uniquement sur internet.» Paris-Bordeaux pour 15 euros, c’est possible, «si on réserve trois mois avant». Et à 45 euros si on voyage en première. «On vise une clientèle loisir pour qui la question du temps compte moins», reprend le directeur de la ligne.
La SNCF anticipe aussi la loi Macron et le retour des voyages en car. S’il ne compte pas s’aligner sur les prix de Mégabus (1 euro en prix d’appel pour Paris-Toulouse), Sean Clairin espère en revanche générer du trafic qui n’existe plus. «Les TGV étaient pleins pour Pâques, ça ne nous a pas empêchés de remplir nos six trains Intercités. On a fabriqué du voyage», se réjouit-il, fier d’avoir réussi cette réouverture en moins de huit mois.
Six cent six personnes dans ce premier voyage; 636 dès juin, quand les rames permettront d’accueillir plus de monde, en même temps que devrait arriver la restauration ambulante. «80% à destination de Bordeaux.» Familles, jeunes, moins jeunes, avec comme seul point commun de vouloir voyager le moins cher possible.
Pour aligner des prix aussi bas, la SNCF a fait du neuf avec du vieux. «On a pioché dans les rames de notre parc utilisé la semaine pour les trains de banlieue», explique Sean Clairin.
Ce qui fait un train pas très homogène avec parfois des numéros de place qui ne correspondent pas. Des wagons de plus de quarante ans, une locomotive électrique largement amortie. Les seuls coûts sont les péages, les taxes de gare, l’électricité et le personnel: deux contrôleurs, un conducteur de train.
Pour ce premier voyage, il s’appelait Romain Amic-Desvaud, attaché à la gare d’Austerlitz, mais né à Soyaux il y a quelques dizaines d’années. Il était très heureux de faire ce voyage. «Je trouve plus agréable de piloter un Intercités plutôt qu’un TGV.»
Angoulême est en approche. Depuis la plate-forme arrière, celle du wagon de queue, on retrouve le plaisir de regarder les rails défiler. Voyage dans le temps pour tous ceux qui ont connu les Angoulême-Paris-Austerlitz d’avant le TGV. Il aura fallu 1h20 de plus pour arriver à destination. Mais en ce week-end pascal, l’essentiel était d’arriver avant les cloches et les œufs.
Pour l’Angoumoisin qui rêve d’un week-end parisien à petit prix, c’est râpé donc. Avec de tels horaires, au mieux, on peut envisager une nuit blanche. Ou alors, il faudra accepter de faire un aller ou un retour en TGV.
L’an prochain, le train devrait circuler aussi le vendredi et le lundi, offrant la possibilité de partir d’Angoulême le vendredi soir et de revenir le lundi matin, un peu en retard pour embaucher.
Pour la SNCF, c’est un sacré retour en arrière. Les trains Corail avaient disparu depuis vingt-cinq ans au profit de la rapidité des TGV. La SNCF, avec la nouvelle ligne à grande vitesse (LGV), est d’ailleurs toujours dans cette recherche de gain de temps entre Paris et Bordeaux. Oubliant au passage de s’arrêter à Angoulême puisqu’en 2017, elle prévoit moitié moins d’arrêts. Mais à ceux qui seraient tentés de croire que la renaissance de l’Intercités serait la pilule pour faire avaler cette baisse de trafic TGV à Angoulême, Sean Clairin, le directeur de la ligne Intercités, répond: «Ce n’est pas notre état d’esprit.»
Tags : #trains #france
La SNCF a remis sur rails le train Corail entre Paris-Austerlitz et Bordeaux. 3h30 de voyage entre la capitale et Angoulême dans des wagons d’un autre temps. CL était dans le premier train samedi.
Il faut être matinal pour prendre l’Intercités à Paris. En revanche, depuis Angoulême, cette nouvelle ligne ne permet pas d’envisager un week-end à Paris à bas prix.. PHOTO/Photo R. T.
C’est un hymne au temps qui passe. Au temps passé, dépassé même. Des portes trop vieilles pour se refermer, des banquettes moelleuses aux couleurs délavées par plus de quarante années de service. C’est à ce prix-là que la SNCF a réussi à mettre sur rails des trains low-cost.
Depuis samedi dernier 4 avril, la liaison Paris-Austerlitz-Bordeaux est rouverte. Deux allers-retours par week-end pas vraiment pratiques pour les Charentais et une pause de cinq minutes à Angoulême.
«On n’avait pas vu que ce n’était pas un TGV», se marrent Amélie, Benoît et David. Les trois étudiants en communication partent passer Pâques dans le Bordelais. «Si on n’avait pas eu des tarifs aussi intéressants, on ne l’aurait pas fait.» 70 euros l’aller-retour.
«C’est au moins deux fois moins cher que le TGV», apprécient Laurence et Stéphane. Mère et fils partent à Bordeaux. «Mon deuxième fils y habite.» Céline aurait apprécié un expresso. Mais la voiture-bar fait défaut. Tant pis! Elle profite des arrêts aux Aubrais, Saint-Pierre-des-Corps ou Poitiers pour prendre l’air et fumer une cigarette. Sinon, elle dort pour rattraper un réveil trop matinal.
Le train partait à 6h58. «Quand j’ai vu que le trajet durerait 4h30, j’ai prévu un bouquin: “Juste avant le bonheur”, d’Agnès Ledig.» Elle a hésité à faire du covoiturage. «Mon frère me l’avait conseillé, mais le train reste moins long et plus sûr.» Et moins cher.
Blablacar
dans la ligne de mire
Blablacar, c’est la cible. Sean Clairin, le directeur de la ligne Intercités, ne le cache pas. Les prix sont alignés. «On a fait des tarifs simples avec des réservations uniquement sur internet.» Paris-Bordeaux pour 15 euros, c’est possible, «si on réserve trois mois avant». Et à 45 euros si on voyage en première. «On vise une clientèle loisir pour qui la question du temps compte moins», reprend le directeur de la ligne.
La SNCF anticipe aussi la loi Macron et le retour des voyages en car. S’il ne compte pas s’aligner sur les prix de Mégabus (1 euro en prix d’appel pour Paris-Toulouse), Sean Clairin espère en revanche générer du trafic qui n’existe plus. «Les TGV étaient pleins pour Pâques, ça ne nous a pas empêchés de remplir nos six trains Intercités. On a fabriqué du voyage», se réjouit-il, fier d’avoir réussi cette réouverture en moins de huit mois.
Six cent six personnes dans ce premier voyage; 636 dès juin, quand les rames permettront d’accueillir plus de monde, en même temps que devrait arriver la restauration ambulante. «80% à destination de Bordeaux.» Familles, jeunes, moins jeunes, avec comme seul point commun de vouloir voyager le moins cher possible.
Pour aligner des prix aussi bas, la SNCF a fait du neuf avec du vieux. «On a pioché dans les rames de notre parc utilisé la semaine pour les trains de banlieue», explique Sean Clairin.
Ce qui fait un train pas très homogène avec parfois des numéros de place qui ne correspondent pas. Des wagons de plus de quarante ans, une locomotive électrique largement amortie. Les seuls coûts sont les péages, les taxes de gare, l’électricité et le personnel: deux contrôleurs, un conducteur de train.
Pour ce premier voyage, il s’appelait Romain Amic-Desvaud, attaché à la gare d’Austerlitz, mais né à Soyaux il y a quelques dizaines d’années. Il était très heureux de faire ce voyage. «Je trouve plus agréable de piloter un Intercités plutôt qu’un TGV.»
Angoulême est en approche. Depuis la plate-forme arrière, celle du wagon de queue, on retrouve le plaisir de regarder les rails défiler. Voyage dans le temps pour tous ceux qui ont connu les Angoulême-Paris-Austerlitz d’avant le TGV. Il aura fallu 1h20 de plus pour arriver à destination. Mais en ce week-end pascal, l’essentiel était d’arriver avant les cloches et les œufs.
Pas vraiment pratique pour les Charentais
Pour l’instant, ce train Intercités a surtout été pensé pour les Parisiens. La SNCF ne prévoit qu’un aller-retour le samedi et un autre le dimanche. Départ de Paris le matin à 6h58, arrivée à 10h36 à Angoulême. Pour le retour: départ d’Angoulême à 19h33 pour une arrivée à Paris à 22h51.Pour l’Angoumoisin qui rêve d’un week-end parisien à petit prix, c’est râpé donc. Avec de tels horaires, au mieux, on peut envisager une nuit blanche. Ou alors, il faudra accepter de faire un aller ou un retour en TGV.
L’an prochain, le train devrait circuler aussi le vendredi et le lundi, offrant la possibilité de partir d’Angoulême le vendredi soir et de revenir le lundi matin, un peu en retard pour embaucher.
Pour la SNCF, c’est un sacré retour en arrière. Les trains Corail avaient disparu depuis vingt-cinq ans au profit de la rapidité des TGV. La SNCF, avec la nouvelle ligne à grande vitesse (LGV), est d’ailleurs toujours dans cette recherche de gain de temps entre Paris et Bordeaux. Oubliant au passage de s’arrêter à Angoulême puisqu’en 2017, elle prévoit moitié moins d’arrêts. Mais à ceux qui seraient tentés de croire que la renaissance de l’Intercités serait la pilule pour faire avaler cette baisse de trafic TGV à Angoulême, Sean Clairin, le directeur de la ligne Intercités, répond: «Ce n’est pas notre état d’esprit.»
Tags : #trains #france
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