Alcool dans un poste d'aiguillage : licencié par la SNCF, l'auteur de la vidéo contre-attaque

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Slimane H., auteur d'une vidéo diffusée en juin 2013 montrant des agents soupçonnés de consommer de l'alcool dans un poste d'aiguillage de Paris Saint-Lazare, attaque la SNCF aux prud’hommes. Licencié pour "insuffisance professionnelle", il affirme avoir été puni parce qu'il tentait d'alerter ses supérieurs. Il invoque aussi une "discrimination" en raison de sa religion musulmane.

Capture d'écran de la vidéo de Slimane H, diffusée en juin 2013 sur le site du Point.fr. Photo : CAPTURE/YOUTUBE


Slimane H., ex-agent SNCF, s'était fait connaître en juin 2013 comme l'auteur d'une vidéo diffusée par Le Point montrant d'autres agents savourant un apéritif alcoolisé – du punch –, dans un poste d'aiguillage de la gare de Paris Saint-Lazare, dont dépend la sécurité des 500.000 voyageurs quotidiens. La vidéo, qui avait fait grand bruit, avait débouché sur une enquête interne de la SNCF et la mise à pied de plusieurs agents. Ces mesures disciplinaires avaient suscité une grève contre un "comportement patronal répressif". Mais le seul agent licencié pour l'heure, c'est Slimane… Celui qui dénonçait les faits présumés.
Le trentenaire, qui se voit en "lanceur d'alerte", annonce à metronews qu'il a déposé, jeudi, une requête aux prud'hommes contre la SNCF. Le motif invoqué : "harcèlement moral et discrimination à raison de ses convictions religieuses", selon la lettre produite par l'un de ses avocats, maître Antoine Fabre. Voici la version de l'ex-agent : pour avoir alerté ses supérieurs de "problèmes récurrents d'alcool" dans ce poste d'aiguillage stratégique - bien avant la diffusion de sa fameuse vidéo-, Slimane H. dit avoir été "ostracisé", victime de moqueries multiples sur sa foi musulmane. "On m'appelait Aladin, ou encore 'le dictateur', en référence au film de Sacha Baron Cohen, à cause de ma barbe", témoigne-t-il. Jusqu'à son licenciement en mars 2013 pour "insuffisance professionnelle", Slimane, qui venait d'être habilité aiguilleur, aurait été employé "à un poste pour lequel il n'était pas formé", selon ses avocats, et privé de rattrapage à un concours interne, contrairement à d'autres apprentis.
Lettre au patron de la SNCF
"Le licenciement, affirme maître Fabre, est la conséquence directe de sa situation de lanceur d'alerte." L'avocat indique avoir suivi, il y a dix ans, une affaire similaire concernant un agent SNCF de confession musulmane. Slimane, lui, brandit le témoignage d'un autre collègue, Marwane, disant lui aussi avoir été licencié pour avoir dénoncé l'alcoolisme sur son lieu de travail. Il dispose également de lettres de collègues attestant de son sérieux, malgré des relations compliquées avec son entourage professionnel.
Sollicité par metronews, un porte-parole de la SNCF Paris Saint-Lazare affirme ne pas connaître les détails de cette procédure prud'homale, précisant toutefois qu'il existe à la SNCF une "réglementation très stricte" encadrant les licenciements. Slimane, lui, assure que son cas individuel ne compte pas. Il vient d'ailleurs d'adresser une lettre au patron de la SNCF, Guillaume Pépy, pour dénoncer les risques encourus selon lui par les passagers. Et n'oublie pas de préciser à metronews qu'il détient… "Environ 4 heures" de vidéos compromettantes sur l'alcool à la SNCF.